La désobéissance civile des réfractaires non-violents à la guerre d’Algérie
La parution, en 2016, aux Presses universitaires de Rennes, de La Désobéissance civile aux États-Unis et en France, 1970-2014, un livre de Marianne Debouzy, nous fait réagir.
En effet, si cette étude veut s’en tenir aux dates indiquées, l’auteure aborde tout de même des actions qui se sont déroulées aux États-Unis avant 1970 − à l’exemple de celle lancée par Martin Luther King après le geste de Rosa Parks qui remonte au 1er décembre 1955 − tandis que pour la France, nous pouvons lire en page 10 :
« Il a bien existé en France une tradition de l’insoumission à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle parmi les anarchistes et les antimilitaristes. Cette tradition a évolué et elle s’est exprimée parmi des groupes beaucoup plus larges de citoyens et sous d’autres formes. Lors de la guerre d’Algérie, le Manifeste des 121, justifiant l’insoumission, en septembre 1960, en témoigne. Tout comme le mouvement des appelés et des réfractaires qui refusèrent de participer à la guerre, les « porteurs de valise » qui aident le FLN, et la lutte contre la torture. »
Rappelons aussi qu’en France, avant cette date de 1970, on s’est couché sur les voies des trains qui transportaient des militaires vers l’Algérie, qu’on a renvoyé et/ou brûlé des papiers militaires, qu’on a refusé de payer des impôts... À La Villedieu, dans la Creuse, en mai 1956, des militaires mirent la crosse en l’air soutenus par le maire et l’instituteur du village qui allèrent en prison.
Malgré cela, Marianne Debouzy se demande (p. 16) : « Pourquoi les actes de désobéissance civile se sont-ils multipliés en France depuis les années 1970 ? » ....
Un autre anarchisme est possible de André Bernard
Il faut savoir que ces textes proviennent d’un engagement à écrire une chronique mensuelle pour l’émission Achaïra des anarchistes de Bordeaux sur la Clé des ondes ; chronique ne devant pas dépasser dix minutes. Quelquefois, la chronique est le raccourci de la recension d’un livre destinée à un journal, à une revue, à un site, etc. Quelquefois , c’est la chronique qui devient un article. Et puis, au cours de nos lectures, un peu au hasard, nous avons glané des citations d’auteurs, des extraits de presse, etc.
En trois mots se résume le propos de ce livre : désobéissance, non-violence, anarchisme.
En affirmant qu’un autre anarchisme est possible, il n’est pas proposé pour autant une nouvelle théorie de l’anarchisme. Cet anarchisme se lira
« en creux » ; un anarchisme d’ailleurs déjà esquissé par le passé. Nous allons à sa rencontre en publiant des textes un peu oubliés et en rendant compte de lectures contemporaines. De plus, sans jamais afficher le label anarchiste,l’actualité se montre riche d’exemples ;on pourra d’ailleurs se questionner sur ce rejet de l’anarchisme par l’esprit public.
Il s’agit donc d’affirmer un anarchisme autre que l’image toute faite que propagent à l’envi les médias.
Nous savons que l’anarchisme est multiple. Le grand public,lui, ne le sait pas qui porte en lui des idées fausses. Fausses ? Pas toutes…
Avec immodestie, nous avons la prétention de poser les jalons d’une autre culture.
ISBN : 978-2-919568-78-9
129 pages – 13 €
Textes choisis » de Clara Wichmann
Antimilitarisme et violence ; La fin et les moyens ; La cruauté escorte la crime et la punition ; Les fondements philosophiques du socialisme.
Editions libertaires, collection Désobeissances libertaires, 2016, 47 pages, 7 €.
Clara Wichmann (1885-1922), Hollandaise d’origine allemande, précéda de quelques années l’Allemand Fritz Oerter (1869-1935) dans l’élaboration d’une pensée non-violente et libertaire. Bien que ne connaissant pas Gandhi, Clara Wichmann, dépassant l’alternative « ne rien faire ou lutter par les armes », fut une des premières à utiliser le mot de « non-violence » et à concevoir la notion d’action directe non-violente.
La vie de Clara fut courte. Pour autant, ses écrits sur des sujets aussi variés que l’anarchisme — notamment le syndicalisme révolutionnaire —, le féminisme, la non-violence, la critique du droit de punir, le droit des enfants, le droit des animaux domestiques et la philosophie de l’histoire mériteraient d’être intégralement traduits dans notre langue. Féministe, juriste, pédagogue, elle met en avant une société non capitaliste, non autoritaire et non violente.
L’Antimilitarisme en Turquie d’Aurélie Stern, publié en 2015 par l’Atelier de création libertaire, inaugurait la collection « Désobéissances libertaires ».
Les Anarchistes contre le mur, d’une part, traduction de textes présentés par Uri Gordon, et, d’autre part, quatre textes de Clara Wichmann : Antimilitarisme et violence, La fin et les moyens, la cruauté escorte le crime et la punition et Les fondements philosophiques du socialisme, prendront la suite de cette collection (cette fois aux Éditions libertaires) qui traitera de dés-obéissance, d’an-archisme et de non-violence, mais qui se permettra cependant de faire des pas de côté.
Tous ces thèmes, d’ailleurs, n’étaient pas étrangers aux éditions de l’Atelier de création libertaire puisque, en 2015, furent publiés Violence ou non-violence de l’Allemand Fritz Oerter
et L’Anarchisme au pays des provos du Hollandais Thom Holterman ainsi que, auparavant, quelques autres titres comme le livre de François Sébastianoff qui nous proposa, en 2013, son Ni magie ni violence. Deux paris contre toute domination.
De son côté, André Bernard, en 2010, raconta, dans Être anarchiste oblige !, son expérience d’insoumis à la guerre d’Algérie. Différents autres ouvrages publiés par l’ACL et traitant de la désobéissance libertaire s’écrivirent par ailleurs en collaboration étroite avec Pierre Sommermeyer, également insoumis et coauteur de la plaquette Désobéissances libertaires, manières d’agir et autres façons de faire chez Nada en 2014 ; intitulé dont nous empruntons le titre pour cette collection.
Si le refus du militarisme a pu constituer, individuellement, un acte fondateur, notre projet a pour ambition de s’élargir à tout l’espace social avec pour inspiration les paroles d’Étienne de La Boétie :
« Pareillement les tyrans, plus ils pillent, plus ils exigent, plus ils ruinent et détruisent, plus on leur baille, plus on les sert, de tant plus ils se fortifient et deviennent toujours plus forts et plus frais pour anéantir et détruire tout ; et si on ne leur baille rien, si on ne leur obéit point, sans combattre, sans frapper, ils demeurent nus et défaits et ne sont plus rien, sinon que comme la racine, n’ayant plus d’humeur ou aliment, la branche devient sèche et morte. »
Nous comptons, dans un premier temps, porter notre effort sur des textes contemporains : nous pensons à la lutte israélo-palestinienne des Anarchistes contre le mur, à des traductions provenant du journal allemand Graswurzelrevolution et aux publications de l’Internationale des résistants à la guerre en anglais, etc.
Il va de soi que nous serons ouverts à toutes propositions et que, si ce projet vous convient, il faudra nous aider à le faire vivre.
(La collection Désobéissance libertaires est animée par
André Bernard, Pierre Sommermeyer et quelques autres personnes.)
Clara Wichmann (1885-1922), hollandaise d’origine allemande, précéda de quelques années l’Allemand Fritz Oerter (1869-1935) dans l’élaboration d’une pensée non-violente et libertaire. Bien que ne connaissant pas Gandhi, Clara Wichmann, dépassant l’alternative « ne rien faire ou lutter par les armes », fut une des premières à utiliser le mot de « non-violence » et à concevoir la notion d’action directe non-violente.
Rejetant les termes de « non-résistance » ou de « résistance passive », elle s’ouvrit à une compréhension active de l’action en s’appuyant sur les luttes ouvrières se déroulant en Europe, notamment les grèves de masse de l’époque.
Dans Antimilitarisme et violence, elle clarifie sa pensée et s’oppose à un militant anonyme qui se veut tout à la fois antimilitariste et partisan de la violence dans les luttes sociales.
Dans La fin et les moyens, elle s’adresse ensuite aux militants qui veulent ignorer que la fin est contenue dans les moyens.
Dans La cruauté escorte le crime et la punition, cette théoricienne de la criminalité développe l’idée qu’il « existe un lien non seulement entre le crime et la société, mais aussi entre la société et la punition : la société se venge par la sanction ».
Dans Les Fondements philosophiques du socialisme, est abordée la coexistence et du courant libertaire athée et du courant libertaire religieux qui coexistaient alors.
La vie de Clara fut courte. Pour autant, ses écrits sur des sujets aussi variés que l’anarchisme − notamment le syndicalisme révolutionnaire −, le féminisme, la non-violence, la critique du droit de punir, le droit des enfants, le droit des animaux domestiques et la philosophie de l’histoire mériteraient d’être intégralement traduits dans notre langue.
Féministe, juriste, pédagogue, elle met en avant une société non capitaliste, non autoritaire et non-violente.
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