15e chronique d’André, sur la Clé des ondes à Bordeaux, lors de l’émission radio Achaïra, le 17 décembre 2009
Je vais vous parler d’un petit livre d’un peu plus de 100 pages. Il s’agit : Virginie Barbet, une Lyonnaise dans l’Internationale, de Antje Schrupp, Atelier de création libertaire, 2009, 10 euros.
Qui était Virginie Barbet ? Une féministe active dans la Première Internationale, et qui discutait avec Marx et avec Bakounine, ou essayait de le faire… et qui a été négligée par la postérité parce qu’elle était… une femme : on ne connaît ni sa date de naissance ni celle de sa mort ! On sait qu’elle était cabaretière ; oui, elle tenait un bistrot !
Claire Auzias, dans la préface, évoque « cette femme révolutionnaire restée dans l’ombre des grands hommes ».
Virginie Barbet est sortie de l’anonymat grâce à des articles qu’elle a écrits dans différents journaux (par exemple l’Égalité de Genève ou la Solidarité de Neuchâtel) et grâce à des brochures que Antje Schrupp, l’historienne, a été dénicher dans les archives et qui sont reproduits dans le bouquin.
Ainsi notre Virginie prit position pour l’abrogation du droit d’héritage.
C’est elle, sûrement, qui écrivit le Manifeste des femmes lyonnaises adhérentes à l’Internationale pour engager les jeunes gens de 1870 à refuser le service militaire.
« C’est par un acte révolutionnaire, celui du refus de la conscription, qu’il faut protester et non par d’inutiles réclamations. »
« Que craignez-vous ? La prison ? Nous, vos mères, vos sœurs, vos amies, nous veillerons sur vous, nous combattrons avec vous. Aussitôt que nous aurons appris qu’un ou plusieurs d’entre vous ont été arrêtés, nous irons en foule réclamer à l’autorité compétente, et il faudra bien qu’on nous rende justice. »
Elle expliqua pourquoi elle était collectiviste, c’est-à-dire pour l’égalité économique et sociale. « Chacun pour tous, tous pour chacun », dit-elle. Le sol et les matières premières doivent devenir propriété collective.
Et, elle, la « citoyenne obscure », comme elle se nomme, ose écrire une « Réponse d’un membre de l’Internationale à Mazzini » pour qui Dieu est « la base unique, éternelle et inébranlable de vos devoirs et de vos droits ». Contre cela, contre Mazzini, Virginie Barbet se déclara résolument athée.
Je pense que l’on m’a fait parvenir ce bouquin parce qu’il y est question de résistance à la conscription et aussi de non-violence. Car l’auteure veut tirer Virginie Barbet du côté de la non-violence. C’est excessif et anachronique.
Néanmoins, retenez le nom de Virginie Barbet.