La révolution des parapluies
André Bernard
Article mis en ligne le 18 août 2023

Autres lieux, autres cultures, nous sommes à Hongkong. Vous savez certainement que les anarchistes ne sont pas démocrates puisqu’ils sont anarchistes mais, cependant, vous conjecturer bien qu’ils peuvent s’intéresser naturellement à un mouvement démocratique au grand courage, surtout s’il s’agit de lutter contre un État dit communiste et, surtout, si le choix des moyens de lutte correspond à ce que défendent certains libertaires, je veux parler de l’action directe non-violente. Je veux parler d’Occupy Central ! Central, c’est le quartier de la finance hongkongaise. Ajoutons que, pour quelques-uns, cette lutte pour la démocratie se radicalise, jusqu’à imaginer une démocratie directe.

Les dimanche et lundi 28-29 septembre, le 30 ; les 1er, 2 et 3 octobre 2014, Le Monde a consacré plusieurs de ses pages à l’« insurrection pacifique de Hongkong contre Pékin ». Il a d’ailleurs continué les jours suivants…

Sans doute, l’information peut se trouver ailleurs. Allez donc voir sur Google !
Il s’agit donc d’une lutte pour la démocratie qui s’appuie sur la désobéissance civile dans l’enclave de Hongkong rétrocédée à la Chine par le Royaume-Uni en 1997.

Rappelons les faits :
Le 31 août 2014, le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire chinoise a décidé que les Hongkongais ne pourraient choisir le chef de l’exécutif que parmi deux ou trois candidats « patriotes », choisis par le Parti communiste chinois ; procédure en net recul sur la méthode actuelle qui ne pratique pourtant pas totalement le suffrage universel. Il s’agit pour les manifestants de convaincre les députés hongkongais de refuser ce nouveau mode électoral prévu pour le printemps 2015.

Lancée par Alex Chow, un étudiant en littérature comparée, intéressé par les actions de Gandhi, le mouvement a commencé, le 22 septembre, par une grève d’environ 13 000 étudiants, et par une occupation des abords de l’Assemblée législative, manifestation qui a tourné à la confrontation avec la police. Les parapluies, qui depuis sont devenus un symbole, se voulaient une simple protection contre les tirs de gaz au poivre. Puis un autre symbole est apparu : des petits rubans jaunes.

À Taïwan, en mars 2014, on avait parlé de révolution des tournesols pour les manifestations contre un traité de libre échange avec la Chine.
À Hongkong, sous l’influence, entre autres, du professeur de droit Benny Tay, s’est mis en place un mouvement de désobéissance civile portant le nom de Occupy Central (with Love and Peace) qui devait démarrer le 1er octobre et occuper le quartier financier de la ville mais, devant le succès des manifestations étudiantes et une importante participation des habitants de l’enclave, le mouvement fut lancé avec plus de trois jours d’avance. C’est alors que la grève bascula dans la désobéissance et que, très rapidement, différents quartiers furent occupés.

« L’utilisation des réseaux sociaux comme plateforme de liaison a rendu les participants à ces événements plus intelligents », déclare un certain Chen Yun Chung qui souligne une plus grande vigilance face à la désinformation, aux policiers en civil et aux tentatives de sabotage et de division du mouvement.

Le succès, pour le moins, n’est pas assuré. Souvenons-nous du massacre de Tiananmen. Le « rêve chinois » du camarade Xi Jinping, président de la République populaire de Chine, peut devenir un cauchemar.

Ces deux informations nous laissent penser que les temps changent, que les moyens de lutte pour une plus grande liberté évoluent : nous n’en sommes plus, ou presque, à la violence spontanée, à la destruction systématique obligatoirement à l’ordre du jour. Par ailleurs, nous constatons que les idées libertaires font leur chemin et se glissent là où on ne les attendait pas. De là à trop rêver… De là à toujours cultiver un pessimisme chagrin…