Une critique anarchiste de l’apologie de la violence
Collectif
Article mis en ligne le 11 août 2023

Réponses aux écrits de Peter Gelderloos et des tendances autoritaires au sein du black bloc

Table des matières et morceaux choisis

Préface- Sarcasmes d’un intellectuel blanc contre la non-violence
Par André Bernard

Une critique anarchiste de l’apologie de la violence
La rhétorique anti-non-violence dans le livre Comment la non-violence protège l’État
de Peter Gelderloos
Par Sebastian Kalicha

Qui a peur de Gandhi ? Réfutation de quelques contre-vérités issues du chapitre « La non-violence est inefficace » de Peter Gelderloos, dans son livre Comment la non-violence protège l’ÉtatPar N.O. Fear

Documents : Deux critiques de pratiques du Black Bloc à l’occasion du 1er Mai 2018
 (1) Nous, non-violent.e.s dans le cortège de tête...Réflexions collectives de militant.e.s non-violent.e.s participant au cortège de tête surl’articulation des pratiques et en réponse aux invitations à se dissocier Par quelques-un.e.s dans le cortège de tête...
 (2) Appel aux convaincu(e)s Une critique anti-autoritaire du Black Bloc Par des cop(a)in(e)s

Postface : Conclusion Qui a peur de la non-violence ?
Par Pierre Sommermeyer

C’est évident que, lors d’une manifestation sociale, dans la rue, briser la vitrine d’une banque ou d’une officine capitaliste quelconque est un acte non-violent ; oui, le bruit des éclats de verre ne sont en rien la marque de la douleur de la vitrine. Vous n’êtes pas d’accord ?

En 1999, à Millau, quand, en une heure, des militants de syndicats agricoles de la région « démontèrent », à visage découvert, un établissement McDonald’s, entourés de très nombreux sympathisants qui distribuaient des tartines de fromage, était-ce une action violente ou un acte non-violent ? Certains nommèrent l’opération un « saccage », car les dégâts s’élevèrent à 120 000 €. D’autres préféreront dire que c’était une simple « destruction » et non pas de la « violence

L’apologie anarchiste de la violence et la rhétorique anti-non-violence reviennent régulièrement sur le devant de la scène avec des formulations à chaque fois différentes selon le contexte anarchiste. Mais les expériences de la fin du 19e et du début du 20e siècle nous ont montré que cela n’a pu aboutir qu’à des impasses destructrices.

En 1938 et 1939, Subhas Chandra Bose est élu comme président parce qu’il a renoncé à la lutte armée immédiate et s’est aligné sur la manière dontle Congrès national concevait la lutte non-violente et la désobéissance depuis 1920. A cette époque, il pensait que l’Inde indépendante devrait avoir une armée comme tout État-nation,alors que Gandhi était contre une armée en Inde après l’indépendance. Mais surtout, Bose pouvait devenir président parce que Gandhi n’était plus membre du Congrès.

Ces textes contre la non-violence ont en commun d’avoir été rédigés par des militants anarchistes étatsuniens. Un certain nombre d’entre eux ont été traduits puis publiés dans des milieux français que l’on peut appeler autonomes, insurrectionnalistes, anarchistes ou autres. Ils sont pour le moins haineux. Ils accusent pêle-mêle la non-violence d’avoir des conséquences violentes, d’être promue par les banques, de protéger l’État et autres accusations. Ils montrent tous une méconnaissance étonnante des luttes non-violentes qui ont eu lieu ailleurs.