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En route contre le G8, occupons le bombodrome !
Informations rassemblées et traduites par Wolfgang Hertle (Hambourg) et Pierre Sommermeyer (FA Strasbourg)
vendredi 19 avril 2019, par
La réunion du G8 se tiendra à Heiligendamm du 6 au 8 juin prochain, au bord de la mer Baltique, à 50 km de Rostock. . L’accès direct est impossible. Une barrière métallique haute de trois mètres et longue de 13 km a été dressée pour isoler ce village du reste du monde.
L’action contre ce sommet commencera dès le 1er juin. Plusieurs points de rassemblement ont été organisés. Des manifestations de masse ainsi que des tentatives de blocages sont prévues.
La première de ces actions est dirigée contre le « bombodrome » de Freie Heide. Cet endroit au nom prédestiné avait été choisi par l’armée russe comme camp de manoeuvre aérienne. Cette lande a été l’objet de bombardements incessants tout au long de l’existence de la RDA. Après le départ des Russes, en 1990, le pouvoir de Bonn a promis de rendre ce camp aux communes avoisinantes.
Entre-temps, l’armée allemande, à court de place, a trouvé que ce terrain lui serait bien utile. La Bundeswehr est de plus en plus appelée à participer à des missions militaires à l’étranger. Jusqu’à ce jour les manoeuvres militaires allemandes avaient lieu au Portugal, au Canada, voire au Texas. Le prétexte en était qu’il n’y avait pas de place en République fédérale. Aujourd’hui ce n’est plus le cas.
La stratégie militaire allemande a changé. À l’origine le rôle de la Bundeswehr était la défense du territoire allemand. Puis ce fut la défense des intérêts de l’Allemagne, maintenant il s’agit de participer au maintien de l’ordre mondial. Dans cette optique, la « lande libre » est devenue un enjeu de politique important.
C’est donc dans le cadre de l’offensive contre le G8, qu’un projet d’occupation de cette lande a été mis en place.
Après le départ des Russes, il restait une tour de contrôle sur la lande. Elle fut repeinte en rose par un groupe berlinois, composé en partie d’anarchistes, qui organisait des camps d’été antimilitaristes. Cet endroit fut baptisé « Pink Point Tourismus Center ». Cette couleur a profondément déplu aux autorités militaires qui ont tout fait pour la faire disparaître.
L’action de reconquête de cette lande a commencé il y a une quinzaine d’années. Des personnes habitant dans les villages environnants se sont regroupés dans une « Bürgerinitiative » qui appelle tous les ans à une marche le dimanche de Pâques rassemblant environ 5 000 personnes. En parallèle, des démarches auprès des tribunaux ont été faites afin de déclarer illégale la tentative d’occupation par les militaires allemands, en se fondant sur le fait que les Soviétiques avaient à l’époque exproprié ce terrain. Les plaignants soutiennent que ce terrain doit revenir d’office aux propriétaires d’alors, privés ou communaux.
Les éléments les plus radicaux que cette action rassemble ont cherché à organiser un regroupement plus large en vue d’une action débouchant sur une occupation du terrain lors des manifestations anti-G8. Une alliance No War - No G8 a vu le jour. Elle rassemble aussi bien des groupes non violents que des autonomes. Elle a appelé ses membres à participer à la marche de Pâques prochain pour reconnaître le terrain.
Le symbole de cette occupation va prendre la forme de pyramides roses. La raison de cette couleur est expliquée plus haut. Quant aux pyramides, c’est pour copier celles que les militaires ont commencé à installer et qui doivent servir de repères ou de cibles pour les avions. Il s’agit de multiplier ces pyramides afin de rendre inopérantes celles qui existent déjà et, en outre, de disséminer dans la campagne environnante d’autres pyramides roses afin de proclamer « Nous sommes tous des cibles ». Il est projeté de construire sous ces pyramides des cabanes afin d’abriter des squatters, de telle sorte que, vues du ciel, il sera impossible de savoir si elles sont habitées ou non.
Sur le chemin de Rostock, des caravanes de piétons, de vélos, vont se mettre en marche. La lande libre sera une de leurs étapes. Le Circa (Clandestin Insurgent Rebel Clown Army) a mobilisé ses sections pour cet objectif. Le 1er juin étant le jour de la Fête internationale de l’enfance, l’ONG Vacances hors la guerre participera à cette action en organisant une exposition de témoignages d’enfants de pays en guerre. Cette association a reçu il y a peu le prix Erich Mühsam.
La Bürgerinitiative n’a pas voulu se joindre à ce type d’action de façon officielle. Les actions de désobéissance civile continuent à faire peur. Entre les groupes qui se sont rassemblés au sein de No War-No G8 il a été décidé de ne pas utiliser le mot non-violent dans lequel les autonomes voyaient le vocabulaire du pouvoir mais de faire en sorte que les actions entreprises le soient de fait. Ce genre de débat a lieu au sein de tous les groupes qui organisent l’action anti-G8. Dans certains cas, des désaccords ont persisté et ont amené à entreprendre des actions séparées mais simultanées. La grande manifestation à Rostock est, elle, organisée de façon unitaire.