À Alep, la désobéissance civile d’un quartier
Article mis en ligne le 2 septembre 2023

Malgré la prévalence de la violence en Syrie, les activités de désobéissance civile et de protestation se sont multipliées à Alep. Les activistes de la ville, bravant les affrontements quotidiens dans la ville, ont repris l’organisation de la désobéissance civile.

Le lundi 9 novembre 2015, des activistes ont brûlé des pneus et coupé la route principale dans le quartier de Ferdous pour protester contre l’enlèvement de leur collègue, Mohamad Maher Karman, directeur de La promesse syrienne, qui a été kidnappé par le Front Al-Nusra, selon le Conseil des rebelles d’Alep.

Désobéissance civile menée par des activistes condamnant l’enlèvement/Source : Wisam Khiyat/Facebook
En réponse à l’enlèvement le plus récent, un hashtag intitulé "Désobéissance civile d’un quartier" a circulé. En utilisant ce hashtag, les manifestants ont pris soin de ne pas accuser une partie en particulier d’un crime. Cependant, ils ont dénoncé les enlèvements et la négligence des groupes armés aux postes de contrôle, qui a conduit à un grand nombre de disparitions.

Ces récentes manifestations rappellent les premières protestations à Damas, en février 2011, devant l’ambassade de Libye. Les manifestants avaient alors scandé "traître est celui qui tue son propre peuple". Les acclamations qui ont retenti lors de ces dernières manifestations étaient les suivantes : "traître... traître....traitre... celui qui kidnappe les activistes est un traître". L’activiste Wisam Khiyat a parlé de ces manifestations sur son Facebook, notant que les participants à ces actions appartenaient à toutes les couches sociales de la Syrie, depuis les médecins jusqu’aux "activistes de bas étage".

Ces dernières manifestations se distinguent par l’adoption d’un code vestimentaire uniforme. Sur les photos, tous les militants portent les mêmes chemises et tenues arborant le drapeau de l’indépendance, des images de manifestations, un aigle et un casque représentant l’Armée syrienne libre. Mohammad Zaidan, un organisateur, a déclaré à SyriaUntold que ces images ne sont pas le logo d’un mouvement spécifique et qu’elles ne représentent pas un parti politique particulier.

Pourquoi les manifestants ont-ils choisi un acte de désobéissance civile ? Zaidan a expliqué à SyriaUntold que l’exposition continue de la ville aux bombardements aériens de la Russie et du régime, ainsi que l’infiltration des cercles d’activistes, ont rendu la désobéissance civile plus efficace. "Nous continuerons jusqu’à ce que nos demandes soient satisfaites, notamment le rétablissement des points de contrôle de l’ASF et la libération des activistes kidnappés".

Les militants de Jibb Al Quebeh ont également coupé une route au cours de la deuxième journée de désobéissance. Ces activités marquent le retour à l’âge du mouvement non-violent, même si cette fois-ci, il s’agit d’un mouvement contre l’ASF. Zaidan affirme que ce mouvement "est de nous, et nous sommes de lui".